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Les tontons remettent le couvert

A Neuilly, les bonnes tables ne manquent pas et les nouvelles ouvertures bistronomiques ne passent jamais inaperçues. EDGAR a eu écho des « Tontons de Neuilly », une adresse qui  fait parler d’elle depuis juillet dernier. La dégustation sur place s’est donc naturellement imposée !

Les deux fondateurs ou plutôt compères à l’esprit canaille derrière ce nouvel établissement ne sont pas des inconnus dans le petit monde de la bistronomie. Alexandre Baizet (à qui l’on doit Le Divan, Le Brillat, Terrasse 17) et Gérard Castellini ( la La Sieste, Le Petit Champerret) se sont distingués déjà avec la table aux accents corses « Pinzutu » qui cultivait déjà cette atmosphère « bistrot des copains » où il fait bon vivre. Le plaisir partagé, les souvenirs festifs et la sincérité décomplexée, font partie des gènes et du langage de ce rayonnant bistrot qui refuse de se prendre au sérieux. Voici pour le pitch. Nous sommes impatients de vivre ce que nous prépare cette bande de joyeux gaillards. On a entendu dire que ces derniers travaillaient avec des producteurs engagés : Edouard Legaud, Giambattista Saliu, La Ferme de l’Envol, Maison Reynaud mais aussi MOF Lastre sans apostrophe / traiteur Yohan Lastre. Que des noms de confiance. A notre arrivée, Roman, chef de rang, nous accueille avec simplicité et élégance.

Le décor signé Marie-Laure Navarro à quelque chose d’enveloppant qui nous plait bien. Le soleil de la mi-septembre nous fait opter pour la terrasse pouvant accueillir 40 couverts ( tandis que la spacieuse salle offre 70 couverts). Le solide sens de l’amitié des tontons va t-il s’exprimer dans une assiette exigeante et parfaitement ciselée ? On a confiance dans la quête d’excellence qu’incarne le chef Rachid Djillali passé par L’Oustau de Baumanière, Le Bristol et le George V mais aussi Giulia et « Gaston, Boucher Restaurateur » L’homme est inventif, travaille les saveurs avec brio et souscrit à une certaine idée du bonheur à table. Il est temps de se lancer. Les festivités ici s’envisagent avec deux merveilles aptes à mettre en émoi les papilles. D’une part l’oeuf maillot parfumé au truffes. D’autre part, le gaspacho glacé aux accents andalous. Cela ouvre agréablement l’appétit et ça démarre fort. Les assiettes sont lumineuses et particulièrement engageantes. Dans le verre ? L’appréciable cuvée Esprit Libre du Domaine Terres d’Etoiles de Christophe Mittnacht. On aime ce riesling sec, racé et non filtré né d’une envie de produire des vins au plus près de leur état naturel. Aucun intrant à l’exception d’une infime dose de sulfites ajoutée la veille de la mise en bouteilles. Un vrai bonheur !

Une vraie cuisine de coeur.

Le magnifique pâté en croûte, sous ses notes de citron confit, de poulet et d’estragon est devenu très vite un incontournable mais on fera le choix du tartare de daurade à la nectarine. C’est simplement jubilatoire. On ne veut pas manquer l’expérience de la fameuse épaule d’agneau confite durant 7 heures. Un met d’exception qui a pris le statut de plat-signature. Nous y voila. Oh la la, en effet, que c’est bon. La cuisson est juste et l’arôme bien présent. Deux autres plats ont gagné rapidement et légitimement ici leurs lettres de noblesse. Il s’agit du merveilleux quasi de veau rôti et de son écrasé de pommes de terre  aux olives et du filet de bar snacké relevé d’une divine sauce vierge. Coté vins ? On prend la direction d’Ajaccio avec le  charmant Domaine Comte Peraldi. On savoure cet assemblage (60% Sciaccarello, 30% Niellucio, 10% Cinsault) sur un millésime 2022 qualifié par un été sans fin avec de fortes chaleurs dès la mi-mai. La nature concéda péniblement 130 mm de janvier à la récolte. Bon gré mal gré la vigne résista. Puis arriva l’orage du 18 août, salvateur pour la terre, destructeur pour les hommes. Constat, un jus de grande qualité, oui, mais en qualité limitée.

Cette cuisine de coeur soignée, porteuse d’éthique et de fraicheur, célèbre un véritable art de recevoir franc mais sans arrogance ni mauvaise posture. Le slogan-maison pourrait se résumer ainsi : du goût, du local, du respect. Pour le dessert, les choix se fait sur la pâtisserie du jour ou plus exactement sur la tarte de saison. A noter que la Fraise Charlotte, son coulis de fruits rouges et sa délicate crème mascarpone à la vanille est un moment de haute volée. En quittant les lieux, on se dit que les Tontons ont du style et une bonhomie qui donnent envie de revenir. Les équipes accompagnent chaque histoire se déroulant dans l’asssiette. Quant au chef (quatrième tonton de la bande), serein et concentré, il livre des plats qui flattent en majesté les attentes des gourmets comme des initiés. L’enthousiasme n’a jamais failli, les sauces toujours à bonne hauteur. Il ne manque plus que les ronds de serviette pour prendre ici ses habitudes !

Infos pratiques :

Au 2, place Parmentier 92200 Neuilly-sur-Seine. Ouvert 7 jours sur 7 midi et soir.