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Clovis Cornillac, « Réaliser me rend dingo »

Désormais mordu de réalisation, le comédien se met en scène dans la comédie poétique C’est magnifique aux côtés d’Alice Pol. Un nouveau cap dans la carrière de Clovis Cornillac encore plus heureux, semble-t-il, derrière que devant la caméra.

Photo en haut : Clovis Cornillac en équipe sur le tournage de C’est magnifique : “Aujourd’hui, la plus grande chose pour moi, c’est la mise en scène.”

Comment est née l’idée de C’est magnifique ?

À la base, je voulais vraiment faire un film qui aurait pour toile de fond la bienveillance ; une œuvre un peu à l’encontre de l’ambiance générale. L’idée était évidemment un peu large. J’avais un personnage vaguement en tête, finalement le cousin éloigné de celui que vous avez à l’arrivée. Ensuite, il y a eu l’élaboration avec les scénaristes qui sont – heureusement – extrêmement talentueux, Lilou Fogli et Tristan Schulmann. Moi, je parlais. Eux, ils écrivaient. Ça nous a pris plusieurs années. Jusqu’au moment où je me suis dit : «  Ça y est, le film, je l’ai. »

Le film a réveillé quelques vieux souvenirs littéraires en moi, Marcel Aymé que rencontrerait René Fallet. Un peu d’Un Idiot à Paris et de fantastique à La Passe-Muraille…

Il y a plein de choses dans ce film que j’ai exécutées de manière inconsciente. Probablement que des références ont compté. Le public rencontré dans les différentes avant-premières, ça leur évoque Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain ou Forrest Gump. J’aurais été incapable de faire un film en pensant à tout ça. Mais vous n’avez pas tort. En regardant le résultat, je me dis que mon personnage a, ici et là, des cousins germains. Toute une typologie d’histoires, de longs-métrages…

Clovis Cornillac en compagnie d’Alice Pol, sa partenaire dans le film, réfléchit déjà au casting de son prochain long métrage.

« Il n’y a pas quelque chose de Marvel mais assurément de marvelous ! »

Vous qui avez été Astérix, à l’heure des Doctor Strange, des Top Gun Maverick, anxieux de sortir une comédie romantique à la française ? Est-ce un acte de résistance de Gaulois ?

Pas tant que ça. Mine de rien, nous sommes quand même dans un récit fantastique. C’est un film « à effets ». Pour le coup, je trouve qu’on a une sorte de super-héros de la bienveillance. Un gars qui fabrique des fleurs extraordinaires dans un endroit impossible. Ainsi qu’un miel formidable. Et qui change également d’aspect au fur et à mesure de son aventure. Il n’y a pas quelque chose de Marvel mais assurément de marvelous !

Après Un peu, beaucoup, aveuglément, c’est le second long-métrage coécrit par votre épouse, Lilou Fogli. Est-ce, pour vous, une forme de binôme idéal ?

Ce qui compte, c’est le talent des uns et des autres. Les gens avec qui je travaille, que ce soit ma femme ou quelqu’un d’éloigné, cela m’importe peu. On ne peut pas dire aux gens d’aller voir un film parce qu’il est le fruit d’un couple qui bosse ensemble. Ou parce que ce sont des potes. J’ai trop de respect pour le cinéma et le public pour envisager les choses comme ça. En revanche, Lilou, au-delà d’être une actrice que je trouve excellente, est devenue une scénariste incontournable sur la place de Paris. Elle est extrêmement efficace et créative. Du coup, ne pas travailler avec elle par coquetterie serait absurde. Pour moi, c’est assez net et simple.

Réaliser ses propres films, est-ce une manière de se libérer de certains carcans ?

Pas particulièrement. Je me sens déjà assez libre sur les projets des autres comme acteur. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en général, je ne me distribue jamais dans mes films. Et, à l’arrivée, j’y suis toujours. Ça ne m’angoisse pas. J’essaye d’optimiser au maximum. Je ne m’occupe pas de moi. C’est déjà ça de moins. Je me focalise plus volontiers sur les autres. Et je règle les plans sur moi en fin de journée. Ce qui m’intéresse, c’est tout le reste. Il semblerait que, pour l’instant, je n’ai pas encore gâché mes films en jouant dedans. Et c’est tant mieux.

Attention, ceci n’est pas un remake de Jeremiah Johnson !

« Ça serait vraiment stupide de ma part de dire que je ne prends pas Myriam Boyer dans mon film parce que c’est ma mère »

Je saisis la balle au bond : Clovis Cornillac est-il facile à diriger, Clovis Cornillac ?

Plutôt. C’est un acteur assez pratique à diriger de manière générale. Ce n’est certainement pas le meilleur, mais il travaille dans le calme. C’est apaisant.

On croise dans C’est magnifique, votre épouse à la ville, votre fils, votre mère… Est-ce une manière de baliser le terrain ?

Non, c’est même l’inverse. Je m’en suis rendu compte en faisant le générique de fin. Tout d’un coup, je réalise que je raconte l’histoire d’un homme en quête d’identité… avec plein de gens de ma famille dans la distribution ! C’est un constat involontaire. Encore une fois, cela n’intéresse personne d’aller voir un film où jouent toute une famille ou une bande de copains. Le public s’en fiche. Ce n’est pas ça qui lui fait acheter un billet. Tout simplement, il y avait des correspondances, des évidences de casting qui sont apparues les unes après les autres. Ça n’est pas venu d’un coup. Il s’avère qu’autour de moi, il y a des gens de talent. Et, je le répète, ça serait vraiment stupide de ma part de dire que je ne prends pas Myriam Boyer dans mon film parce que c’est ma mère. Et puis, tous, nous travaillons. C’est pour ça que nous sommes sur le plateau. On ne tourne pas non plus un film de vacances.

Finalement, le réalisateur prendrait-il le pas sur l’acteur ?

Je suis un gourmand. J’ai déjà signé un autre film, Couleurs de l’incendie, depuis C’est magnifique. J’essaye de monter un autre projet pour l’année prochaine qui m’excite à fond. J’adore réaliser. Ça me rend dingo. Ça ne m’empêche de jouer pour les autres. Mais, aujourd’hui, la plus grande chose pour moi, c’est la mise en scène. Je trouve ça énorme.

Photos : Claire Nicol

C’est magnifique de et avec Clovis Cornillac, Alice Pol, Myriam Boyer… Sortie le 8 juin.