Au cœur du golf arabo-persique, cette ville, qui accueille près de 20 millions de touristes pas an, jouit d’un âge d’or entre ses traditions bédouines et son audacieuse modernité. A coté de son turbulent cousin Dubaï, Abu Dhabi s’appuie sur une société multi culturelle hospitalière et une offre culturelle ambitieuse de niveau international. EDGAR s’est donc rendu sur place. Tour d’horizon sur trois jours !
Ce qui frappe, dès de notre arrivée à l’aéroport d’Abu Dhabi, c’est cet impressionnant terminal rutilant, ouvert en novembre dernier, d’une capacité de 45 millions de passagers… L’effet saisissant du monumental est bien au rendez-vous. On constate aussitôt qu’ici propreté rime avec sécurité. On file vers notre luxueux hôtel et confortable pied à terre qui sera le St-Régis de Marriott retenu en raison de son emplacement idéal sur la périmètre de la Corniche. Pour notre première matinée, on se dirige vers la Mosquée Sheikh Zayed. Il fait 23° un 22 janvier et on est happé par la beauté sidérante de ses 1 096 colonnes incrustées d’améthyste et de jaspe, ses 82 dômes de marbre blanc de Macédoine, ses bassins réfléchissants et ses lustres Swarovski plaqués or. Cette mosquée (l’une des plus grandes du monde) détient également, un record du monde Guinness pour le plus grand tapis tissé à la main. Après cette découverte de choix, on prend la direction de l’île de Saadiyat où se trouve le Louvre Abu Dhabi, chef-d’oeuvre de Jean Nouvel inauguré le 8 novembre 2017.
On parcourt les 9200 m² de galeries qui font de ce bâtiment (premier musée universel du monde arabe) une symphonie de lumière, de béton et d’eau. Le ciel communie avec les sables et les eaux du golfe persique, c’est magique. A la nuit tombée, le spectacle de drones enveloppant le dôme, dans le cadre de l’initiative d’art public de Manar Abu Dhabi, est de toute beauté. A noté que ce symbole de la réussite des Emirats Arabes Unis n’est qu’un préambule avec l’arrivée, dans les deux ans à venir, d’une série de musées « guest stars » aux chantiers pharaoniques : le Guggenheim Abu Dhabi signé par Frank Gehry, le Musée d’Histoire Naturelle mais aussi, à proximité, le Zayed National Museum dessiné par Norman Foster qui relatera l’histoire de feu Sheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan (1918-2004), père fondateur des Émirats Arabes Unis, et célébrera ses réalisations. Pour notre deuxième jour, on remonte le temps avec la visite de l’incontournable Qasr Al Hosn. Autrefois résidence de la famille régnante et du Conseil consultatif national, elle a été transformée en musée en 2018 après une décennie de restauration méticuleuse.
En franchissant les portes de ce mémorial vivant de la nation et témoin de l’histoire d’Abu Dhabi, on retrouve le majestueux fort intérieur, construit en 1795, et le palais extérieur, construit entre 1939 et 1945. A voir, les fascinants artefacts et documents d’archives datant de 6 000 ans mais aussi les savoir-faire ancestraux autour de techniques anciennes telles que le Sadu, le Khoos et le Talli. Pour le déjeuner, plusieurs options s’offrent à nous. On est curieux de découvrir le restaurant Erth, vivement recommandé, qui est le premier restaurant émirati au monde à avoir obtenu une étoile au Michelin. Les tables Hakkasan et Talea by Antonio Guida du 7 étoiles Emirates Palace restant deux valeurs sûres. On fera aussi l’expérience durant notre séjour du fameux Oii également référencé au guide Rouge et qui est connu pour satisfaire les attentes de gourmets exigeants.
La Yas marina avec ses 227 ponts d’amarrage.
Inscrit dans notre programme, la Yas Marina, l’une des plus belles marinas d’Abu Dhabi nous intéresse à plusieurs titres. D’une part pour sa piste de course, réputée dans le monde entier et qui accueille le Grand Prix de Formule 1™ Etihad Airways d’Abu Dhabi depuis 2009. L’Abu Dhabi Hill, située en face de la tribune nord, propose de magnifiques espaces verts pour s’asseoir et savourer la course. D’autre part, les 227 ponts d’amarrage de la marina qui peuvent accueillir des bateaux allant de huit à 150 mètres de long. Mais aussi le W Abu Dhabi Yas Island qui est le seul hôtel cinq étoiles au monde à chevaucher une piste de course de Grand Prix. On clôturera notre soirée, avec le célèbre show de Broadway Hamilton au Etihad Arena dont l’architecture XXL futuriste vaut le détour. La promenade nocturne sur le Yas Bay Waterfront est un moment délicieux qui nous dit que cette ville, qui vit actuellement son âge d’or, révèle toute sa magie à la nuit tombée. Pour notre dernier jour, on fait un crochet dans la matinée par le Héritage Village qui nous rappelle que l’Histoire de Dhabi a débuté dans le monde des sables avec les tribus bédouines (les premiers forages pétroliers datant de 1958) ; avant de se rendre au Founder’s Mémorial qui abrite un jardin patrimonial ainsi qu’une passerelle surélevée offrant des vues à couper le souffle sur le magnifique paysage urbain de la ville. De là, on caresse du regard la pièce maîtresse du Mémorial : la Constellation. Loin des gratte-ciel, le Mangrove National Park capte notre attention et met nos sens en éveil avec cette incroyable biodiversité qui rappelle l’engagement d’Abu Dhabi en faveur d’un modèle écologique durable.
C’est au fil de l’eau, en kayak, que l’on part à la rencontre des espèces protégées locales (tortues, hérons, flamants roses, dugongs et dauphins) au sein de cet environnement au rôle vital car protégeant la région des raz-de-marée en purifiant les eaux environnantes et en éliminant le dioxyde de carbone de l’atmosphère. On fera l’impasse sur le vibrant parc à thème Ferrari World Abu Dhabi, sur le passionnant SeaWorld dédié à la vie marine et sur la déroutante plateforme Observation Deck at 300 située dans la deuxième tour des Etihad Towers, au 74e niveau de la tour Jumeirah. Notre dernière expérience sera plutôt celle du désert entre descente de dunes en mode sportif « dune bashing » et diner bédouin sous ciel étoilé avec cette citation en tête de cheikh Zayed Ben Sultan El Hor Al Nahyane (1918-2004), fondateur en 1971 de la fédération des Emirats Arabes Unis, qu’il dirigea jusqu’à sa mort : « Un arbre ne pousse dans le désert que si on l’a planté ». Notre échéance sera celle d’un horizon fixé à 5 ans qui permettra de découvrir le nouveau visage de cette ville fascinante aux deux cents nationalités (sur les 2,9 millions d’habitants, 80% sont des expatriés) après son plan d’expansion à l’oeuvre baptisé « Vision 2030 ». Un célèbre dicton local vient nous éclairer sur l’ambition sans limite de ce pays grand comme deux fois la Suisse : « La vitesse de croissance d’un gratte-ciel émirati est supérieure à celle d’un palmier… ». On en profitera pour se rendre, du même coup, à Masdar City, cette éco-cité en plein désert et à 20 kilomètre d’Abu Dhabi fonctionnant uniquement à partir d’énergies renouvelables dans une optique zéro déchets. Le « nouveau Abu Dhabi », après un demi siècle d’or noir, serait-il déjà en marche ? www.visitabudhabi.ae
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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