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Franck Gastambide : « C’est très jouissif et nouveau pour moi »

Dans Sans Répit, remake du film coréen Hard Day, l’acteur incarne un flic corrompu poussé dans ses retranchements par un maître chanteur. Un rôle en or pour Franck Gastambide visiblement friand de thriller et de scènes d’action.

Aviez-vous vu le film Hard Day de Kim Seong-hun dont s’inspire Sans Répit ?

Je connaissais le film qui est, pour moi, un petit chef d’œuvre. Cela vous met forcément une forme de pression de s’attaquer au remake d’un film aussi réussi. On craint d’être moins bien. Concernant ma prestation, je me suis posé la question de comment m’en sortir en évitant d’imiter le génial acteur coréen. Je devais proposer autre chose. Je me suis interdit de revoir le film le jour où les producteurs m’ont proposé le rôle. Le risque toujours, c’est de reproduire les mêmes choses en moins bien.

Passer de Kaïra à lieutenant de police, c’est une belle promotion…

J’étais déjà lieutenant de police dans Taxi 5 ! La vraie belle promotion, c’est d’être passé de ma petite comédie tournée entre potes dans ma banlieue de Melun, il y a dix ans, à tête d’affiche dans un thriller d’action pour Netflix qui sort dans 190 pays. Tout ça est assez fou, assez vertigineux quand j’y pense…

Franck Gastambide, flic corrompu

Le polar, est-ce un genre dans lequel vous êtes bien ?

Oui, ça me plaît. Encore plus dans Sans répit où c’est un flic qui a une vie sulfureuse. C’est intéressant à jouer. C’est très jouissif et nouveau pour moi. Surtout, je me sens légitime physiquement pour ce genre de rôle. Cela peut paraître anecdotique mais, finalement, quand on se bat pour continuer à exister dans ce métier, on finit toujours par se poser la question : où se situent réellement mes compétences ? Quand j’écris ou que je réalise mes films, mes séries, ma légitimité se pose par rapport à ma sincérité, mes envies. Par exemple, Validé, je l’ai fait parce que je suis un des réalisateurs qui a le plus mis en avant les rappeurs dans ses films et qu’il y a des morceaux de rap qui accompagnent la sortie de chacun de mes projets. Là, un thriller d’action, où il faut avoir un rôle « physique », je me suis senti en mesure d’enfiler ce costume-là. Dans la vie, je pratique des sports de combat, je fais tout pour m’entretenir quotidiennement… Il y a plusieurs scènes de combat dans Sans Répit. Je trouve ça très cool les répétitions avec les cascadeurs, les chorégraphes de combats avec qui je prépare ce genre de scènes. 

Il y a une place à prendre selon vous, en France, d’« homme d’action » au cinéma ?

Je suis convaincu. La seule chose qui manque, c’est le cinéma d’action. On en fait peu en France. Le cinéma français a hérité de la Nouvelle Vague autant que de Francis Veber. Le cinéma d’auteur et la comédie sont nos deux gros registres de prédilection. Le cinéma de bagarre, de cascades, de voitures, c’est un peu la chasse gardée de Hollywood. Je ne suis pas sûr qu’on en fasse beaucoup. En tout cas, je suis ravi de m’affirmer comme un acteur qui revendique ses ambitions de faire de l’action dans le cinéma français.

Qu’est-ce qui a été accrocheur pour vous dans Sans Répit ?

Le registre principalement. L’énorme chance qu’on propose au Franck Gastambide de Pattaya de s’exposer dans un thriller très sombre. Pour moi, c’est un véritable cadeau.

         « Taxi, je pourrais déjà en être au huitième volet si j’avais voulu… »

Comment expliquez-vous la recette de votre succès ?

Alors ça… Je n’ai pas de recette. La seule chose que je sais, c’est que chacun de mes choix a été guidé par ma sincérité et mes envies. C’est pour ça que je n’ai jamais donné de suites à mes films qui pourtant ont été des succès. Pas de Kaïra 2, de Pattaya 2, de Taxi 6… Taxi, je pourrais déjà en être au huitième volet si j’avais voulu… J’ai été porté par d’autres envies à chaque fois.

De l’action de bout en bout.

Vous qui avez cartonné au cinéma, inquiet de l’avenir des salles ?

J’ai envie de rester optimiste. Rien ne remplace la salle. C’est un moment privilégié de se retrouver dans le noir avec une qualité de son et d’image qui reste impossible à retrouver chez soi malgré toute la bonne volonté du monde. Évidemment, la salle n’est pas morte. Mais il faut aussi, désormais, assumer que nous assistons à une mutation, à des changements. Des changements accélérés par le confinement. J’essaye de ne pas être trop inquiet. J’ai l’impression que nous allons nous diriger vers des films plus adaptés au cinéma que d’autres. Comme les comédies, dont les succès sont régis par les réactions du public, leurs rires dans la salle… J’étais à Los Angeles il y a peu. En passant sur Sunset Boulevard, à la place des grandes affiches annonçant les sorties de films au cinéma, là, il n’y avait plus que des projets Netflix. Il y a clairement un changement de consommation. 

Vos projets ?

J’aimerais continuer dans le registre de l’action, qui, pour moi, est très adapté aux plateformes. En même temps, je n’ai pas tourné de comédie depuis Taxi 5. J’ai ce petit goût de faire rire les gens qui me travaille à nouveau. C’est certain, je vais y revenir.

Sans Répit de Régis Blondeau avec Franck Gastambide, Simon Abkarian, Serge Hazanavicius… Sur Netflix à partir du 25 février.