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Hugo Sallé de Chou, PUMPKIN 

Echapper aux tourments des processus bancaires, à leur complexité ? Aucun problème. En créant Pumpkin, une application de remboursement instantané entre particuliers, Hugo, Constantin et Victor inventent une véritable économie parallèle, une manière ultra-efficace d’effectuer virements et remboursements par simple commande sur smartphone. L’utilisateur se crée un compte manuellement ou via le Facebook Connect, enregistre sa carte de paiement et peut dès lors envoyer ou demander de l’argent à n’importe qui grâce à son numéro de téléphone. D’une limpidité biblique, le concept connaît ses heures de gloire en 2018 avec plus de 10 millions d’euros échangés tous les mois, et plus de 450.000 utilisateurs actifs. Une réussite qui n’est pas passée inaperçue auprès des banques. L’été dernier, c’est Arkéa, une filiale du Crédit Mutuel, qui investit à hauteur de 80 % dans le capital de Pumpkin, y injectant 15 millions d’euros sur trois ans pour créer une néobanque. L’avenir de la petite monnaie n’a jamais été aussi incertain. 

 

Les débuts de Pumpkin ? 

C’est en 2014 que l’idée de l’application est née sur le coin d’une feuille. Constantin, Victor et moi, alors étudiants et concernés par les problèmes liés aux différents remboursements du quotidien, avons entrepris de développer Pumpkin. L’objectif : transformer le paiement et les transactions en quelque chose de fun et ludique pour effacer toutes les frustrations liées aux échanges d’argent entre particuliers.

 

Comment rendre la fonction bancaire plus accessible en 2018 ? 

A une époque, pour avoir facilement accès à son argent, le plus simple était d’en garder une partie sur soi et de planquer le reste sous son matelas. Avec la carte bancaire, l’argent s’est dématérialisé et est devenu beaucoup plus accessible – un morceau de plastique, un code secret et je peux payer à peu près n’importe où… du moment que le destinataire de la transaction est en mesure d’accepter un paiement carte. C’est là que les choses se compliquent : alors que je peux payer une baguette de pain à 1 € en approchant ma carte d’un terminal, cela peut prendre jusqu’à 48 h de rembourser 7,5 € à mon collègue qui m’a gentiment avancé mon sandwich au déjeuner. Pumpkin rend son argent accessible à ses utilisateurs pour en disposer de manière instantanée, gratuite et sécurisée dans le cadre de transactions entre particuliers.

 

La règle d’or du jeune entrepreneur en 2018 ? 

OSER ! Il me semble que l’entrepreneuriat est de plus en plus accessible. Il y a beaucoup de structures d’accompagnement partout sur le territoire, des aides, des formations, on peut avoir accès à du financement privé relativement facilement, etc. Encore faut-il se lancer.

 

Et la vôtre ? 

Rester soi-même. C’est ça aussi le luxe de l’entrepreneur : pouvoir créer une boîte qui nous ressemble et donc par définition dans laquelle on se sent parfaitement bien. Aujourd’hui l’un de nos traits culture chez Pumpkin est la transparence et je pense que ça vient de là.

 

Le domaine bancaire est-il réticent à la « casualisation » du costume ? 

Chaque secteur fonctionne avec ses codes et son système de valeurs. Dans le domaine bancaire, le costume est un prérequis. A l’échelle individuelle, il n’est pas bon de sortir du moule. Les personnes qui marchent à contre-courant sont systématiquement mal perçues par les autres. Il faut donc y aller très progressivement et avec le groupe. Par exemple, la règle du casual friday, apparue dans les années 90, est aujourd’hui largement adoptée dans le domaine bancaire et participe à la casualisation du costume. Il me semble que la cravate perd aussi du terrain… surtout avec les beaux jours qui reviennent.

 

Votre gros projet à venir ? 

Nous aimerions aller plus loin dans le fait de pouvoir aider nos utilisateurs à gérer leur argent au quotidien à plusieurs. La prochaine étape pour nous serait de proposer un compte courant directement sur l’application Pumpkin qui permettrait de gérer ses dépenses de groupes, par exemple en famille, entre colocs, en couple, etc.

www.pro.pumpkin-app.com

Veste de costume ‘A Suit To Travel In’ en laine, polo en coton à liseré ‘Artist stripe’  et ceinture en cuir (Paul Smith), jean fuseau en coton ‘Super Soft Cross-Hatch’ (PS Paul Smith)

Texte: Felix Besson – Image: DR