Aujourd’hui le métal jaune à la côte en horlogerie. Rare, précieux, vecteur de fantasmes et de désirs, l’or jaune est entouré de mystères depuis la nuit des temps. Sa couleur jaune, née des rayons du soleil, l’auréole d’une aura particulière et d’un pouvoir d’attraction auquel personne ne résiste. Chargé de symboliques ancestrales, devenu lui-même un symbole au fil du temps, l’or jaune n’a pas échappé aux spécialistes des bijoux et des montres.
Aujourd’hui, l’or jaune revient en force dans les collections horlogères et joaillières, comme un rappel de sa puissance. Dans les années 80, au firmament de sa gloire, l’or jaune s’invitait dans toutes les collections de montres et de bijoux, jusqu’à devenir le symbole du bling, ce style ostentatoire et excessif, qui lui a valu une longue période de purgatoire.
Mais les temps changent, les goûts aussi, et désormais le métal précieux s’impose dans les collections horlogères. Les montres en or jaune ornent les poignets, représentant déjà plus de 40 % du Swiss Made.
Les tendances suivent des cycles plus ou moins longs, et il aura fallu attendre quarante ans avant de revoir cette couleur magnétique briller au poignet au côté de l’or blanc et de l’or rose. Ce retour en grâce provient sans doute de la recherche de lumière, de naturel, de joie de vivre et de sens qui a envahi la planète après la crise sans précédent qui en a bousculé les codes, une période inédite qui a marqué la décennie de son empreinte indélébile. En effet à la recherche de l’essentiel, quoi de plus efficace que de se réapproprier la couleur originale du métal précieux et de voir la vie en jaune.
Une saison en or
Les horlogers ont succombé à l’attraction de cette couleur unique et ornent leur création d’or jaune, même si elle semble parfois un peu vive. Bulgari a choisi d’habiller son Octo Finissimo d’or jaune, réchauffée d’un cadran laqué brun, le temps d’une série limitée luxueuse. Après le titane pour établir quelques records, l’acier pour toucher une large audience, l’or était légitime dans la collection horlogère de la Maison romaine, qui n’en oublie pas la technique, dotée de son mouvement extra plat.
Sensible à la chaleur de l’or jaune, Rolex, a également retravaillé la Yacht Master 42 dans un bloc massif de métal précieux, orné d’une lunette en céramique noir mat, tandis que March LA.B et Oris osent l’or pour leurs nouvelles montres, une couleur qui évoque le faste et la liberté des années 80.
En habillant d’or son emblématique Mansart, March LA.B anoblit son design inspiré de la silhouette de la place Vendôme et s’offre un accord parfait avec le cadran blanc ou vert foncé laqué. La montre existe désormais en deux formats afin d’élargir la cible aux hommes et aux femmes. La pièce de 34 mm est animée d’un mouvement automatique suisse La Joux Perret doté d’une réserve de marche d’environ 68 heures.
Chez Oris, l’or habille l’Aquis Date Calibre 400, un modèle sportif destiné à la plongée, étanche à 300 mètres. Les bords extérieurs de la lunette tournante sont en or 18 carats offrant un contraste étonnant entre le raffinement du détail et le caractère sportif de la montre au cadran bleu ou vert et au bracelet en caoutchouc. Au cœur de la boîte en acier bat le calibre Oris 400 doté d’une réserve de marche de 120 heures.
Lip, quant à lui ne fait pas de montre en or, mais sensible à l’attrait de la couleur or jaune, relance un modèle de 1964, la montre « Service Après-Vente ». A cette époque, quand un client venait faire réparer ou réviser sa montre LIP, son revendeur lui prêtait une montre de courtoisie équipée du mouvement électromécanique, le temps de l’immobilisation. Son succès fut tel, que de nombreux clients s’attachèrent à la montre et ne la restituèrent pas. Aujourd’hui, LIP redonne vie à ce modèle iconique de 35mm de diamètre, réalisé en acier PVD or jaune.
Avec l’or jaune, la création redevient puissante et engagée dans des compositions qui répondent à l’exigence du métal précieux. Pas de compromis possible quand une montre est sculptée dans un rayon de soleil.
Publié dans Edgar numéro 108
Spécialiste de l’horlogerie et de la joaillerie, journaliste, passionnée par la transmission du luxe, Nathalie Koelsch pose un autre regard sur ces métiers d’émotion et de création.