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Sébastien Porte, une cuisine simple mais pas simpliste

A deux pas de la Place de Ternes, l’établissement, dont ce sympathique restaurateur assure la gérance depuis six ans, attire une faune de gourmets attachés à l’ambiance conviviale qui y règne. Direction donc Le Diplomate pour faire l’expérience d’une carte où le goût n’a d’égale que la joie de vivre !

L’engouement des clients ne ment jamais car il est communicatif voir quasiment magnétique. Né en 1928, cet établissement allant de 84 à 131 couverts, que nous allons visiter, est donc une vraie institution. A proximité, nous savons aussi qu’il y a quelques beaux noms de la gastronomie : Thierry Marx, Anona, Mallory Gabsi… Dès notre arrivée, nous sommes pris en mains par la serveuse Anna qui nous place en beauté dans cet ancien tabac qui s’est mué en bistrot. Nous sommes très vite rejoints par Julien Minighetti en charge de la sommellerie (formé auprès du MOF et meilleur sommelier d’Europe Franck Thomas). Il a été averti de notre attention particulière portée sur les belles bouteilles. On lui fait confiance. Le contact est parfaitement établi dans le sourire, le respect et l’échange. Cet ex ingénieur-son nous explique ici qu’il travaille autour de 30 à 40 belles références sur les vins dont quelques « pépites » en vin nature. On a hâte de voir. On met en place, avec lui, au débotté un plaisant accord mets et vins. D’emblée, on décide de s’orienter sur le boudin noir de Christian Parra avec son tatin d’oignons grelot et jus à l’ail noir (15 euros) en mode partage.

C’est une belle entrée en matière qui trouve toute son expression avec (pour la soif) un subtil Vezelay La Piécette de la Cadette en récolte 2023. Ce nectar développe des arômes légèrement citronnés et des notes fumées, sous-jacentes, de noisette. On décèle également un beau gras au palais. Les asperges blanches et sabayon à l’ail des ours, œufs de truite et croutons (18 euros) sont ici un incontournables à cette saison. On nous fera découvrir toutefois une autre merveille répondant au nom de gaspacho verde (13 euros). On savoure cette émulsion scamorza et petits croutons. Dans le verre ? Un superbe Mâcon Villages 2023 La Chize du Château de Montrevost qui se présente au bouche comme un vin limpide et brillant, aux arômes de fleurs blanches, agrumes et fruits jaunes en offrant en bouche rondeur et suavité. Quel bonheur ! On se délecte de cette exigence culinaire « diplomatique » se mêlant à cet esprit de quartier élégant et décontracté à la fois. Il est temps de passer aux choses vraiment sérieuses avec nos deux nouveaux entrants débarquant des fourneaux. Pas évident, car les plats du jour sont affolants de gourmandise. Il faut bien pourtant se décider et ce sera, sous les avis concertés de Julien et Anna, un face à face de très haute volée culinaire. En effet, la tartelette feuilletée aux champignons (27 euros) est bluffante car elle joue, avec brio, de ses doux parfums de girolles sous brousse de brebis et crème de livèche. C’est vraiment l’un des plats-star du jour.

Cette réjouissante quille venue des Pyrénées-Orientales.

Aucun doute à ce sujet. En parallèle, et donnant aussi le la, au diapason, sur un bel écho gustatif, nous sommes littéralement kidnappés par les remarquables langoustines juste snackées au beurre blanc au corail d’oursin, rattes et piquillos (31 euros). Dans cette carte en mouvement, on a l’audace sans jamais perdre de vue le terroir, c’est fondamental. Coté sommellerie, il s’agit de viser juste et Julien souhaite nous faire découvrir l’une de ses fameuses pépites. Allons-y. L’étiquette accroche illico la rétine : Les Foulards Rouges – Les Vilains. Ouch ! Rappel : Après avoir dirigé dans le Gard la remarquable cave d’Estézargues, Jean-François Nicq s’est installé dans les Albères où il produit d’éblouissants vins natures, au fruité explosif, fins et frais. On est sur du 70% Carignan et 30% grenache, élevage court, sans soufre, sur sols de sables granitiques, aucun intrant durant la vinification. Magnifique et fluide buvabilité sous notes très légèrement épicées.

On apprécie cette réjouissante quille venue des Pyrénées orientales. Le chef Florian Breurec sévissant en  cuisine, nous dit discrètement qu’il ne faut pas passer à coté de la saucisse au couteau et nappant aligot de Laguiole (24 euros). On s’exécute en réalisant que nous sommes comblés décidément en ce jour, baigné de soleil,  du 11 juin 2025 à Paris. C’est une chic initiative et un beau geste qui permettront de découvrir le magnifique Chambolle Musigny A&A Chopin Vignerons 2011 Godier. Le Pinot Noir est, à cet instant précis, bienvenu. Notre sentiment est que la cave ici est engagée en faisant de choix de l’indépendance. Un régal. Quand survient l’heure du dessert, on mise sur l’idée du partage,  une seconde fois, avec le redoutable et étourdissant chou craquelin maison, crème Fève tonka et chocolat blanc et chocolat chaud (13 euros). Le Manager Maxime nous fait quelques éloges de rigueur sur ce dessert-signature effronté et nous propose sciemment de l’escorter avec un vin italien, un vrai bijou,  qui sera alors le meilleur compagnon de cet épisode coupable : le Vino Bianco Dinavolino. On est aux anges, catapultés. En quittant les lieux, on se dit que cette adresse pimpante sait rameuter sans posture les amateurs au nez creux de belle bistronomie appréciant d’être transportés de manière canaille et câline avec des plats simples (jamais simplistes), généreux et causeurs. Si fins que l’on mangerait presque sans faim ! www.ledipomateparis17.com