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Les grands couturiers de l’acier

Le mariage entre l’Art et l’industrie. C’est par cette jolie formule que Luc Ferry avait parlé un jour des prestigieuses automobiles de collection. Aujourd’hui, les concepteurs de ces chefs-d’œuvre ont pour la plupart disparu. Chassés par la standardisation qui prévaut désormais sur le cousu-main et par la norme qui a balayé l’imagination parfois un peu folle, il faut bien le reconnaître, des grands couturiers de l’acier.

Et pourtant, aujourd’hui existent encore, et c’est tant mieux, quelques rares survivants. Aston Martin est de ceux-là. Depuis 1913, sous l’impulsion initiale de Lionel Martin et Robert Bamford, la marque n’a jamais quitté le domaine de l’Art. Et son dernier modèle, la DB 11, en est la parfaite illustration.

Un grand cru, dirait-on pour emprunter à la viticulture. Un hymne à la beauté pour l’heureux homme qui en fera l’acquisition. Dès qu’il aura signé le gros chèque (plus de 200 000€) sur lequel se grefferont les taxes « punitives « (30 000€ environ), il se verra octroyer le droit d’insérer son joyau dans le petit monde gris et terne de la circulation d’aujourd’hui. Et sous les regards envieux des uns, désapprobateurs des autres et plus rarement admiratifs d’une minorité de connaisseurs, il lui faudra alors tenir son rang d’automobiliste d’exception.

Un logo très qualitatif

Car il « pilotera » bien en l’occurrence une automobile d’exception : sa ligne … d’un autre monde, ses performances hors normes (plus de 300 km/h) et la mélodie envoûtante et grisante de son huit ou douze cylindres (au choix). Dès lors, notre automobiliste ne passera plus inaperçu. Il sera regardé, photographié, parfois filmé. Pas lui bien sûr mais la voiture, on l’aura deviné. Bref, satisfaction de l’ego garantie tout de même.

Reste la route. Eh bien la route, pour accorder des circonstances atténuantes à notre homme qui par son acquisition a foulé aux pieds les principes d’une écologie pure et dure, il faut savoir qu’aux vitesses autorisées, les moteurs d’une Aston Martin de par leur technologie poussée consomment moins que ce à quoi on pourrait s’attendre : 11 litres environ sur autoroute à 130. Si on veut se faire un petit plaisir, c’est bien sûr autre chose …

Alors, que nous réjouissent encore longtemps ces survivances des mariages de l’Art et de l’industrie. C’est un peu le sel de la vie et la preuve que l’homme restera toujours un grand enfant.