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Samuel le Bihan « L’important, c’est de jouer »

Il revient dans le défroque d’Alex Hugo, enquêteur solitaire et montagnard, sur France 3. Comédien de cinéma (Le Pacte des loups, Vénus Beauté…) très sollicité par la télévision, Samuel Le Bihan discute avec Edgar série, carrière et liberté.

Alex Hugo repart pour une huitième saison. N’avez-vous jamais l’impression d’une sorte de tranquillité, de train-train ?
Je ne compte plus. Mais je ne veux surtout pas que ça ronronne. Nous essayons de nous réinventer à chaque fois. C’est pour cela qu’il y a, à chaque épisode, un réalisateur différent, des scénaristes, des acteurs qui viennent nous retrouver et qui sont aussi surprenants les uns que les autres… Le train-train ? Non, surtout pas. Avoir le sentiment de s’installer, ce serait le plus terrible.

Qu’est-ce que Samuel Le Bihan aime chez Alex Hugo ?
Ses valeurs. C’est un homme en quête de vérité et de justice. Son rapport avec la nature et l’environnement. Ainsi que sa façon de rendre la justice qui est très humaine.

Qu’est-ce qui vous horripile chez lui ?
Son besoin de solitude. C’est très beau. Et ça nous permet de tourner dans des paysages magnifiques. Mais être autant seul, j’en serais absolument incapable. J’apprécie, par moments, de me retrouver avec moi-même, mais, chez lui, c’est vertigineux. S’il pouvait se couper entièrement du monde, il le ferait. Je ne peux pas le rejoindre là-dessus.

Samuel LE BIHAN (Alex HUGO)

Vous arrive-t-il de mettre votre grain de sel dans les scénarios ?
Je parle, j’échange, je donne mon point de vue. Mais ça reste le pré-carré de la productrice, Delphine Wautier. Là, je n’ai rien à dire. C’est elle qui nous a amené au succès. C’est elle qui a fait appel à Franck Thilliez et Nicolas Tackian, deux grands maîtres du polar français. Ensuite, sont venus nous rejoindre Julien Guérif et Pierre Isoard qui se sont à leur tour accaparés la série.

Alex Hugo, c’est 1h30 par épisode. Existe-t-il encore une différence avec le cinéma ?
Il y a une différence de moyens quand même. Quand je regarde l’épisode La Fille de l’hiver, qui sera bientôt diffusé, je suis bluffé de voir ce que nous avons réussi à faire avec si peu de budget, un épisode qui « envoie du bois », qui a de la gueule. Ça en jette. Il y a des grands espaces, des poursuites en moto-neige, des clins d’œil au western et à la mythologie du cinéma américain… Avec peu de moyen, vous pouvez très bien vous débrouiller. Il faut être plus malin. Mais ça a ses limites.

Question piège pour le comédien de télévision : croyez-vous en l’avenir des salles de cinéma ?
Je pense que le cinéma existera toujours. Comme le théâtre n’a finalement pas disparu avec l’arrivée du cinéma. Comme le cinéma n’a pas disparu après l’arrivée de la télé. Et que la télé n’est pas morte avec l’arrivée d’internet. Chacun a sa place, ses rendez-vous avec le public. J’aime aller au cinéma, sortir, partager un film, dans une salle, avec des gens qui sont cinéphiles et qui respectent ce moment-là. Il y a moins de monde, c’est sûr. Peut-être que le cinéma va devoir se montrer plus exigeant sur ce qu’il propose. Les scénarios vont devoir être plus finis. Il va falloir attirer les spectateurs hors des plateformes avec des productions plus fortes. Il devra se réinventer, monter en gamme, en qualité, en imagination.

Lionnel ASTIER (Angelo) et Samuel LE BIHAN (Alex HUGO)

Votre dernier film au cinéma date de 2014, Les Yeux jaunes des crocodiles. Avez-vous l’impression que la profession vous a tourné le dos ou lui avez-vous préféré une « famille » plus clémente ?
Il est certain qu’à un moment j’ai moins donné envie aux réalisateurs ou aux producteurs de m’employer au cinéma. J’ai eu la chance qu’on fasse appel à moi à la télévision. Alex Hugo, c’est un très beau cadeau. L’important, c’est de jouer, de travailler. Je viens de terminer pour le cinéma Mon Chat, une comédie très élégante avec Zabou Breitman et Pascal Elbé signée Cécile Telerman. Je ne sais pas encore quand il sortira. En ce moment, les sorties, c’est très difficile. Il y a trop de films. C’est un peu violent. Pour revenir à mon parcours, c’est cyclique, c’est comme ça. C’est le métier. Parfois, on a envie de vous. Et puis moins. Il ne faut pas râler. J’ai accepté les règles du jeu dès que j’ai commencé à travailler.

Vous arrive-t-il de vous retourner sur votre carrière ? Qu’auriez-vous aimé changer ?
Bien sûr que j’ai fait des erreurs. J’aurais dû être plus exigeant sur certains choix. Mais j’ai fait aussi avec ce que j’avais, avec ce que j’ai appris. Il faut toujours regarder ce qu’on a au départ. En gros, ce que Dieu vous a donné et ce que vous en avez fait. En me retournant, je trouve que je ne m’en suis pas trop mal sorti. J’ai fait preuve de courage, d’audace, de perspicacité. Ce n’était pas gagné d’avance. J’ai évolué dans un univers que je n’ai depuis cessé de découvrir. Et l’aventure continue aujourd’hui. Ce n’est pas fini.

Le plus important pour vous aujourd’hui ?
Fabriquer du bonheur. Sécuriser mon environnement. Ça s’est fait à partir de ma fille, ce n’est pas un secret. En la sécurisant elle, moi aussi, je me suis sécurisé. J’ai créé un sanctuaire que je cherche en permanence à renforcer.

Question légère : votre luxe suprême dans la vie ?
D’avoir préservé mon sentiment de liberté.

Alex Hugo : Seuls au monde de Thierry Petit sera diffusé le mardi 25/01/2022 sur France 3 à 21h10.
Alex Hugo : La fille de l’hiver de Pierre Isoard sera diffusé le mardi 01/02/2022 sur France 3 à 21h10.