Jusqu’au 8 janvier, La Casa Encendida de Madrid accueille trois œuvres de cette artiste américaine basée à Berlin. Lauréate 2022 du prestigieux Prix International d’Art Contemporain (PIAC), elle interroge le langage comme monnaie d’échange social. Une expérience sensorielle captivante !
Connu pour la qualité de sa programmation, La Casa Encendida est un passage obligé pour tous les passionnés d’art qui séjournent à Madrid. Appartenant à la Fundación Montemadrid, le lieu met à l’honneur actuellement les œuvres de l’artiste d’origine coréenne Christine Sun Kim. Subventionnées par les Fondations Ford et Mellon, les œuvres de cette » sound artist » star figurent dans les collections du Museum of Modern Art de New York (MoMA), du LACMA, de la Tate Britain, du Smithsonian American Art Museum, du Museum of Contemporary Art de Los Angeles ou encore du Whitney Museum of American Art… En effet, si la notoriété de Christine Sun Kim n’est plus à faire, son travail n’en reste pas moins captivant. Baptisée « A String of Echo traps », l’exposition présente (sous le brillant commissariat de Cristiano Raimondi) trois œuvres qui illustrent clairement les divers formats que Christine Sun Kim utilise dans son travail.
On y découvre « Notating Transcribing Transcribing » qui est une grande œuvre murale représentant l’espace dans lequel deux langues se croisent. A coté de cela, la vidéo « The Star-Spangled Banner » montre l’artiste interprétant l’hymne national américain en langue des signes lors du principal événement sportif du pays : le Super Bowl. Tandis que l’animation digitale « A String of Echo Traps » explore, elle, la notion d’écho en tant que phénomène littéral et métaphorique. L’artiste a recours à différents concepts pour mettre en lumière le cœur de sa pratique artistique : la notation musicale, le langage écrit, l’infographie, le langage des signes, le corps et l’humour pour défier la politique du son et des langues. Représentée par la galerie François Ghebaly (Los Angeles) et White Space Beijing (Pékin), Christine Sun Kim est accompagnée par des institutions telles que le Queens Museum de New York (2022), le Drawing Center de New York (2022), le Museum für Moderne Kunst de Francfort (2021), le Manchester International Festival (2021), le MIT List Visual Arts Center à Cambridge, Massachusetts (2020) et la Whitney Biennial à New York (2019). Sa gestuelle artistique repose sur une relation forte entre le son et la langue des signes dans un jeu de transmission via des signes graphiques aux valeurs universelles. Son art a vocation a créer des ponts et des connexions entre le monde des entendants et celui des malentendants.
Une performance récompensée par la Fondation Prince Pierre.
Difficile de rester insensible à cette approche qui appréhende le son dans ses principales caractéristiques : à savoir sa matérialité, son rythme, sa dimension émotionnelle et son enjeu social. Fortement teinté d’humour, ce rendez-vous majeur assume sa dimension politique pour la langue des signes et en pointe les discriminations. Cet engagement a été accompagné par des institutions de renommée internationale comme la Albright-Knox Art Gallery à Buffalo, New York (2019), l’Art Institute of Chicago (2018), le San Francisco Museum of Modern Art (2017), le De Appel Arts Center à Amsterdam (2017), la Biennale de Berlin (2016), la Biennale de Shanghai (2016), le MoMA PS1 à New York (2015) et le Museum of Modern Art in New York (2013).
A noter que cette passionnante exposition est le fruit de la collaboration entre La Casa Encendida et la Fondation Prince Pierre de Monaco, qui décerne tous les trois ans ( après consultation d’experts internationaux du monde de l’art) le Prix International d’Art Contemporain (PIAC). A faire donc sans attendre !
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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