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« Faire sauter le plafond de verre »

Vous le croisez souvent à la télévision comme au cinéma. Il est également au théâtre sous la direction de Joël Pommerat. De la série Home-Jacking au téléfilm Les Malvenus coécrit par Virginie Despentes, quelques questions pour vous éclairer sur le comédien Yannick Choirat. 

Série, cinéma, théâtre… Où prenez-vous le plus de plaisir ?

Ce n’est pas du tout le même genre de plaisir. Alors, j’en prends un peu partout. C’est facile à répondre. Après, tout dépend aussi des gens avec qui vous travaillez, de la nature du projet…

Comment le déclic se fait-il chez vous ?

C’est un mélange de plusieurs ressentis. En commençant par le personnage et l’histoire proposée. Je veille aussi de plus en plus à ne pas refaire la même chose, à m’éloigner de certains rôles ou sinon à les aborder de manière différente. L’écriture est bien évidemment très importante pour moi.

Détail intéressant. Vous jouez dans Home-Jacking, une série sur OCS. Jamais d’appréhension quant au scénario ? On entend souvent reprocher aux séries le côté « vite fait, mal fait »…

Sur Home-Jacking, c’est presque une première pour moi, cette manière qu’à la série à jouer avec la narration. Et puis, il y a la fin. Je me suis dit : « Tiens, pour faire avaler ça aux spectateurs, il va falloir être fort… » J’ai trouvé le défi excellent. Et j’ai eu envie de le relever. Ce qui est super, c’est que les auteurs restaient très ouverts aux propositions des comédiens. On a pu retravailler le texte ensemble, même sur le plateau. Il faut avoir un peu de flair, mais c’est une méthode de travail que j’aime beaucoup, pour l’avoir souvent fréquentée au théâtre. Ce partage-là, je l’adore.

Yannick Choirat. Photo par Matthieu Dortomb

C’est un peu funambulesque…

Pas si on a le goût de l’écriture. Moi, ça me plaît. C’est vrai qu’il y a des acteurs et des actrices qui préfèrent qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire. Et ils l’exécutent bien avec plus moins d’instinct.

En parlant d’écriture, Les Malvenus, téléfilm diffusé sur France 2, c’est du Despentes…

Coécrit par Virginie Despentes avec la réalisatrice Sandrine Veysset.

Avez-vous le goût du risque ?

J’ai beaucoup aimé aller, comme ça, vers des choses composées, qu’on n’a pas l’habitude de faire en France. Un côté un peu anglo-saxon dans le style. Le problème, ici, c’est le manque de moyens quant à la fiction, ce qui empêche de pousser loin dans le travail de création. En France, on n’est plus ancré dans le cinéma du réel. J’aime bien prendre des risques. Quitte à se planter. Ce n’est pas si grave.

Qu’est-ce reste le plus difficile dans ce métier ?

Il y a toujours un plafond de verre. Pour chacun de nous. La difficulté, c’est de faire sauter ce plafond de verre afin d’accéder à des projets plus ambitieux. Au cinéma par exemple. Ça reste plus compliqué. Ce n’est pas du tout de l’aigreur. La différence, c’est que la télé va chez les gens et les gens vont au cinéma. Il faut pouvoir les attirer et, pour cela, avoir une certaine côte, de la popularité. J’ai beaucoup de bonheur à faire ce que je fais. Mais si, un jour, je peux faire mieux encore, ce sera parfait.

Dans Les Malvenus de Sandrine Veysset, Yannick Choirat incarne un voisin qui veut en découdre. Photo : F.Malot-Storia Television-FTV

Pouvez-vous vous autoriser le luxe de dire non ?

Oui ! (Rires) Parce que je n’ai pas envie de refaire le même type de personnage, ou que l’univers des auteurs ou du réalisateur ne m’intéresse pas. Ca m’est arrivé de refuser des scénarios plusieurs fois. Mais le vrai luxe, en tant qu’acteur, c’est d’être libre d’aller chercher les rôles qu’on désire. C’est un vrai chemin. Jusqu’à maintenant j’ai fait beaucoup de personnages antagonistes, complexes, retors ; les « méchants ». J’aimerais aller vers des personnages, sans tomber dans le héros niais, porteurs d’espoirs. Avec l’habitude de la lecture, je repère très vite les projets qui vont m’accrocher.

Vos ambitions aujourd’hui ?

Tourner dans des comédies. J’ai déjà eu le plaisir d’en faire. J’aimerais bien y revenir plus souvent. Une comédie romantique d’aventure. Tout est dit.

Pouvez-vous nous en dire plus sur La Réunification des 2 Corées de Joel Pommerat ? Vous reprenez la pièce fin avril à Paris au Théâtre de la Porte Saint-Martin…

C’est un spectacle créé avec Joël Pommerat en 2013. Nous l’avons joué au Théâtre de l’Odéon, en tournée, à l’étranger. Un spectacle, à la base, en bi-frontal, c’est-à-dire avec un gradin de chaque côté de la scène. Nous jouions dans un couloir de 12 mètres de long. Comme toujours avec Joël Pommerat, tout avait été écrit en improvisant sur le thème de l’amour. En réalité, ça n’a rien à voir avec la géopolitique coréenne. Le titre est en référence avec un des répliques de la pièce entre un homme et une femme : comme si un Coréen du Sud et un du Nord se retrouvaient. Une métaphore de l’amour impossible. Nous sommes neuf sur scène. 19 tableau sur l’amour. Un spectacle formidable.

Home-Jacking créé par Florent Meyer et Tigrane Rosine actuellement sur OCS.

Les Malvenus de Sandrine Veysset, le 17 avril, à 21h10, sur France 2.

La Réunification des deux Corées de Joël Pommerat. Jusqu’au 24 juillet. Théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris. www.portestmartin.com

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