« Go slow », le mot d’ordre de cette marque de « resortwear », connue pour signer les plus beaux maillots de bain masculins du moment en série limitée, en dit long sur la philosophie et l’idéal entrepreneurial qui guident les deux fondateurs. En effet, depuis les années 2000, les deux frères voyageurs Harold et Rodolphe MACKEENE imaginent des collections pour l’homme aussi innovantes qu’élégantes défendant un style de vie porté par l’amour de la mer. EDGAR a échangé avec Harold, sur la plage de Toiny à Saint-Barth, entre deux sessions surf. Une conversation pleine de style autour d’une réussite familiale célébrant un mode de vie à la fois sain et équilibré !
La marque est un tandem répondant à deux prénoms : Harold et Rodolphe. Comment s’est constitué ce duo ?
H : J’ai fondé la marque quand j’avais environ 14 ou 15 ans, peut-être même avant, en faisant des flyers pour des soirées d’anniversaire avec Word, et très vite, avec Photoshop. MACKEENE est rapidement devenue ma signature que ce soit pour des créations graphiques, de la musique, ou de la photo, quand je prenais le Canon A1 de mon père sans lui dire. Plus tard, mon frère m’a demandé de l’aider avec le design graphique pour des événements qu’il organisait à l’ESG, son école de commerce à Paris. Depuis, nous avons souvent travaillé ensemble, jusqu’à créer notre premier maillot de bain durant l’été 2006, en Corse, au restaurant de notre tante.
Les sports de glisse sont au coeur de l’ADN de la marque. Quelques mots à ce sujet ?
H : Les sports de glisse ont toujours eu une place prépondérante dans notre vie, incarnant bien plus qu’une étape dans l’évolution de notre marque. Nos parents, amateurs de voile, nous ont immergés dès notre plus jeune âge dans cet univers, notamment lors de navigations dans les îles anglo-normandes. Un aspect notable de notre enfance était notre enthousiasme, parfois destructeur, pour les cerfs-volants, une passion qui, bien que distincte des sports de glisse, reflète notre amour pour tout ce qui touche au vent et à l’aventure. Mon frère, donc naturellement attiré par le kitesurf dès ses premiers jours, a vite excellé dans cette discipline, se hissant parmi les cinq meilleurs mondiaux. C’est pourquoi il m’a demandé de lui concevoir un boardshort au design plus séduisant et mieux taillé que ceux, trop amples et aux couleurs bariolées, proposées par ses sponsors.
St-Barth est un territoire constitutif de l’histoire de MACKEENE. Terrain de jeu ou héritage ?
H : Saint-Barthélemy n’a pas seulement été notre terrain de jeu ; c’est aussi l’héritage de notre grand-père, un pilote parmi les premiers à y atterrir et à construire la première piste d’atterrissage d’à peine 700 mètres. Il a travaillé main dans la main avec les familles locales, notamment les Gréaux, pour importer le premier Caterpillar depuis Caracas.Notre tante a pris la relève en ouvrant le restaurant Le Tamarin.Quelques années après, nous avons également décidé de nous y installer. Il nous a semblé évident, en 2016, d’inaugurer le flagship de MACKEENE sur cette île splendide, présentant ainsi des collections de maillots de bain qui, entre-temps, avaient considérablement évolué.
Quels sont l’engagement et l’éthique du « Go Slow » brodé sur vos Hoodies ?
H : Le slogan « GOSLOW » de MACKEENE est une philosophie invitant à une vie plus réfléchie et sereine, à contre-courant de l’accélération quotidienne. L’idée m’a frappée lors de ma visite à mon frère, sur l’île minuscule de Caye Caulker au Belize, où les panneaux de signalisation reposant tranquillement ici et là invitent avec malice les touristes à lever le pied et à savourer la douceur de vivre, un rappel ludique pour ceux qui filent un peu trop vite sur les plages de ralentir et d’apprécier le moment.Il prône la lenteur comme moyen de savourer chaque instant, de privilégier la qualité sur la quantité, et de renforcer les liens avec notre environnement et nos proches. Chez MACKEENE, cette approche se reflète dans la création de produits durables et élégants, conçus avec soin et attention aux détails. « Go Slow » est ainsi une ode à une existence plus riche et plus équilibrée, un appel à ralentir pour pleinement vivre et apprécier la vie.
Vous êtes aussi présents au Pay-Basque. Une destination qui fait écho à la philosophie de la marque ?
H : En effet, nous allions là-bas en vacances depuis notre plus jeune âge, ce qui rendait l’union des sports de glisse, du surf, des plages et d’une vie plaisante parfaite pour implanter une boutique MACKEENE à Biarritz. Mais maintenant que je souhaite donner à la marque une orientation plus zen et moins sport, je réfléchis à l’idée de choisir un nouveau lieu. Lisbonne, qui abrite déjà notre équipe et notre studio de développement, pourrait être une excellente option.
MACKEENE est une marque foisonnant d’inspirations et animée par de multiples passions…
H : En effet, j’envisage de créer prochainement une serre parce que je suis profondément passionné, voire obsédé, par l’univers des plantes. Cette passion m’inspire à concevoir un lieu où la créativité se mêle à la verdure, où différentes passions, telles que la mode, la cuisine, le jardinage, le yoga, la peinture, et la musique, peuvent cohabiter. L’idée est de créer un vaste espace, semblable à un dôme, avec une structure architecturale très futuriste, qui servirait de sanctuaire pour la créativité et la passion pour les plantes, fournissant un cadre inspirant pour partager et innover.
Vos maillots, à l’origine de la marque, sont pensés comme une garde robe très haut de gamme. Quelques mots sur ce sens du sur mesure ?
H : En fait, mon incursion dans le monde de la mode a débuté avec la confection de chemises sur mesure quand je vivais à Shanghai. Peu de temps après, en rentrant en France, j’ai élargi ma gamme aux maillots de bain pour tout faire fabriquer au Portugal. Mon goût pour les matériaux de qualité et mon désir constant de me démarquer m’ont naturellement orienté vers le segment haut de gamme. Ce choix s’est aussi imposé de lui-même, étant donné les contraintes liées à la production en petites séries, voire en éditions très limitées.
Qu’est ce qui vous distingue de la concurrence Vilebrequin ou Orlebar Brown ?
H : Je ne suis pas fan des comparaisons, mais je crois que ce qui nous rend uniques, c’est notre détermination à faire les choses différemment, à aller à contre-courant des pratiques habituelles. Cette approche m’a certes apporté son lot de défis et a rendu l’apprentissage plus complexe et plus long, mais elle définit notre identité.
Vos collaborations et pop up passés et à venir ?
H : Il y a des collections en édition limitée créées exclusivement pour certains hôtels et une sélection d’artistes pour développer des imprimés sur chemises et maillots. Pas de Pop-up prévus dans l’immédiat, nous allons nous concentrer uniquement en ligne ou en participant à quelques événements à Paris, Miami ou les Hamptons cet été.
Les collections MACKEENE s’enrichissent. Quelques sont les projets dans les tubes pour l’été et 2025 ?
H : Actuellement, je me consacre à l’hybridation de vestes et de kimonos, ainsi qu’à la combinaison entre jogging et pantalon. Cela peut sembler complexe, mais l’objectif est de créer une collection zen, et adaptable, pouvant séduire aussi bien les adeptes du classique que les férus de tendances. De plus, je souhaite modifier notre modèle de production : au lieu de vendre ce que nous avons fabriqué, nous allons fabriquer uniquement ce qui a déjà été vendu. Cette démarche vise à minimiser les stocks inutiles, nous permettant ainsi de privilégier la qualité sur la quantité.
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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