Le marché Saint-Germain abrite une pépite, MORDU, dont le plus beau visage transparait aux beaux jours, au déploiement de sa grande terrasse à demi abritée.
Le soir, l’intérieur invite à se prélasser sur les banquettes dans une atmosphère feutrée et intimiste où de grands miroirs décuplent l’espace, intensifient la sensation de grandeur. Les étagères chargées de livres et de bibelots anciens personnalisent cet immense salon. Les heures peuvent s’étendre, il suffit d’être mordu par un livre, un verre de vin ou de porto et la soirée prend une tournure divine : celle de voir le soleil disparaitre derrière les immeubles voisins, observer les rues se vider et enfin le silence s’imposer tout naturellement dans l’obscurité. Dix heures du soir en été.
Un déjeuner au soleil
Mais tout le jour, l’heure est à la flânerie ensoleillée. Le client prend place sur l’une des nombreuses tables d’extérieur où des verres à l’effigie du restaurant attendent d’accueillir la robe sacrée d’un vin nature, versé par le jeune sommelier Théo Delhomme dont les conseils et secrets valent de l’or.
Par la force des choses, ce noble liquide ne fait qu’amplifier les miracles du chef Alan Deloumeaux, regroupés dans une formule du midi à 40 euros. L’offre estivale fait la part belle aux végétaux de saison (asperge, artichaut), aux délices de la mer (bonite, bar, cabillaud) et de viandes de qualité telles que le veau, l’agneau ou la pintade.
Mordu de plaisir
Le Poulpe frit en impose par sa recette audacieuse (Shizo, salade de chou pointu, mayo miso, ketchup piment), ses couleurs éclatantes comme celles d’un costume d’arlequin. Sa tiédeur en bouche, la finesse de sa chapelure et la dose de piquant subtilement amenée par la sauce, lui valent amplement le nom d’ « entrée signature »
La bonite crue de ligne, si l’on puit dire, a bien mordu à l’hameçon. Présente sous deux formes : séchée/fumée et en sashimi, l’entrée se compose de Wasabi, d’oseille et d’un espuma de fève qui hélas étouffe légèrement le goût du poisson. Toutefois la création dans son ensemble, constitue une belle entrée en matière. Ni son esthétique ni sa matière ne semblent ternir l’effet escompté. D’autant qu’un jus de concombre servi à part ravive les saveurs estompées.
En ce début d’été où les jours rallongent, l’asperge continue d’étendre sa silhouette longiligne sur nos assiettes, ici concurrencée par sa cousine plus herbacée, plus sauvage : l’ornithogale faisant office de plat veggie autant que de plat découverte. Sur son lit de quinoa, jointe au pleurote, à l’artichaut et au champignon de paris, le tout rehaussé par un porto blanc, ce plat interroge autant qu’il persuade.
Parmi les desserts, le Choux cacahuète met tout le monde d’accord.
Sa glace cacahuète, la discrète note pimentée de son craquelin, la pâtissière à l’abricot lui attribuent sans hésiter la seconde marche du podium. La finition parfaite d’un repas orchestré par un jeune prodige de 28 ans à qui l’avenir sourit.
MORDU Saint Germain des Prés
2 Rue Félibien
75006 Paris
Formule midi : 40 euros
Photos : carlottainparis – Mordu Saint Germain des Prés
Journaliste et photographe, Charlotte partage ses bons plans food et musique, à Paris et ailleurs
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