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Paul Montag : « Gaveau, un endroit mythique »

Concertiste international, il sera Salle Gaveau, à Paris, le dimanche 22 janvier pour un récital en matinée. Pianiste, il est aussi fin amateur de havanes auxquels il consacre une chaîne Youtube. Rencontre avec le passionné Paul Montag.

Pouvez-vous revenir, à l’attention des lecteurs du site Edgar, sur votre parcours de pianiste ?
J’ai commencé le piano vers 3 ans et demi. Après avoir joué plusieurs fois en public, j’ai fait mon premier vrai concert à 8 ans. Cinq ans plus tard, je rentrais au Conservatoire national supérieur de Paris. J’y ai fait toutes mes études. Je suis également passé par L’Ecole normale de musique où j’enseigne aujourd’hui. Voilà pour les études.

Comment décririez-vous la vie d’un concertiste aujourd’hui ?
Une vie qui a été coulée par le Covid. Et qui a mis beaucoup de temps à reprendre. Du jour au lendemain, tous les concerts et les voyages étaient annulés. D’un coup, nous nous sommes tous retrouvés à faire des vidéos où nous jouions, question de garder un lien existentiel, psychologique. Aujourd’hui, les choses reprennent. L’Asie s’ouvre à nouveau. C’est bien. Notre vie d’avant reprend. C’est-à-dire travailler son instrument, travailler avec les autres musiciens, voyager…

Paul Montag au sujet de son lien particulier à Mozart : « En 2020, j’avais eu la chance, invité à Salzbourg, de jouer sur le piano de Mozart pour trois concerts. J’ai depuis un attachement particulier avec son compositeur. »

La Salle Gaveau, pour vous, n’est pas une première…
J’avais déjà joué dans la Salle Marguerite devenue aujourd’hui Salle Chantal. C’est une salle désormais dédiée aux concerts plus intimistes, le dimanche matin. Enfant, j’avais gagné un concours dont la récompense était de jouer dans cette salle. Gaveau, ça reste un endroit mythique, à Paris, pour le piano.

Que jouerez-vous ?
La Fantaisie en do mineur de Mozart. La raison est simple : juste avant le Covid, en 2020, j’avais eu la chance, invité à Salzbourg, de jouer sur le piano de Mozart pour trois concerts. J’ai depuis un attachement particulier avec son compositeur. Ensuite, je jouerai la Dernière sonate de Schubert. Là encore, c’est quelque chose à part. Une sonate, qui dure pas loin de 45 minutes, un peu unique dans la littérature romantique. Pour moi, c’est un monument de construction. Musicalement, c’est une œuvre intimiste, avec beaucoup d’introspection. Ce récital sera un petit voyage au cœur de la musique austro-hongroise.

Quel est votre public, Paul Montag ?
Il y a de tout. Évidemment, il y a toujours le public du tel classique tel qu’on l’imagine : la dame en manteau élégant et monsieur en complet. (Rires) En plus de ça, depuis quelque temps, nous avons la chance de voir arriver une vague de trentenaires et de quarantenaires dans les salles. Sans oublier les étudiants en musique viennent nous écouter. Cela fait également partie de leur éducation d’aller aux concerts.

Sur sa vie de concertiste : « Après le confinement, les salles parisiennes ont eu du mal à se remplir. En province, c’était plein. Un phénomène intéressant. »

Réfléchissez-vous par « public  français » ou « public parisien » ?
Ce n’est pas tout à fait pareil. Le public parisien, il faut lui faire une proposition, réfléchir à la construction du programme. A Paris, l’offre est quand même énorme. Il faut donner aux gens l’envie de venir vous écouter. Sans pour autant faire dans l’originalité absolue. Mais apporter une certaine cohérence pour les intéresser. En province, un concert, ça a un peu plus un côté « événement ». Le public ont peut-être moins le « snobisme » de penser connaître. Ils sont assez ouverts à l’idée de se déplacer pour écouter un concert. Après le confinement, les salles parisiennes ont eu du mal à se remplir. En province, c’était plein. Un phénomène intéressant.

Et à l’étranger ?
Parmi les pays très chaleureux, il y a l’Italie. C’est le pays du culte du « Bravo ». En Allemagne, ce sont des connaisseurs. Plus loin, le Japon cultive énormément de respect pour la musique classique. La Chine, c’est un peu plus foutraque ! (Rires) Un jour, là-bas, au trois-quart du concert, alors que je revenais sur scène, le producteur chinois m’a demandé d’en « rajouter un peu ». Il ne trouvait pas le programme de musique de chambre assez long.

La situation revenant à la normale, quel est votre programme à venir ?
Beaucoup de concerts en France. A Paris, par exemple, un concert de créations contemporaines le 9 mars prochain, Salle Cortot. Ensuite, le Nord-Ouest, Avignon… Et puis je repars cette année au Japon et à Montréal.

Vous êtes également connu pour être un « influenceur » cigare. Sur Youtube, vous avez votre chaîne « Cigare TV ». Vous y jouez des partitions et analysez différents modules…
Je suis passionné de cigares depuis maintenant quinze ans. J’avais fait, au départ, un blog sur le cigare qui n’existe plus aujourd’hui. Il y a trois ans, j’ai eu envie de faire quelque chose autour du cigare. J’avais besoin d’exutoire. Voire d’une danseuse. Car le cigare, c’est presque devenu une danseuse aujourd’hui. En découvrant que le nom de domaine « Cigare TV » était disponible je me suis dit : « Et pourquoi ne pas créer une chaîne Youtube ? » Tout a commencé comme ça. Pas simple d’endosser le rôle de Youtubeur. Vis-à-vis même du piano. Et de ma situation de concertiste. Mais finalement, j’ai tout assumé et revendiqué. Aujourd’hui, grâce à « Cigare TV », je suis invité à des festivals comme Procigar, en République Dominicaine, en février prochain.

Paul Montag en récital, le 23 janvier 2023
Salle Gaveau (Salle Chantal)
45-47 rue de la Boétie
75008 Paris
www.sallegaveau.com