Le centre d’art contemporain de Bourges accueille, jusqu’au 30 décembre, l’exposition « Kin(d) Relations » dans le cadre de la rencontre internationale « Monde.s Multiple.s ». Une réjouissante sélection d’oeuvres à découvrir sans attendre !
Les nouvelles technologies et les recherches scientifiques livrent parfois des réflexions inattendues au-delà des réalités tangibles. Articulant la notion de « kin » (parenté) développée par Donna Haraway et la pensée de la « Relation » d’Édouard Glissant, cette passionnante exposition est pensée comme un poly-écosystème où les corps humains et non humains s’affectent mutuellement. Par l’expérience des œuvres, l’exposition manifeste les manières dont nous nous affectons tous les interdépendances, les rhizomes et la symbiotique de nos existences visibles et invisibles. Ainsi le centre d’art contemporain Transpalette de Bourges (sous la direction éclairée d’Erik Noulette) inscrit ce rendez-vous dans une programmation éclectique (expositions, concerts, conférences, projections…), non pas dans le champ de l’art mais plus largement dans des champs multiples : artistiques, scientifiques, sociétaux, sociaux. En 2022, la rencontre « Monde.s Multiple.s » est d’abord construite à partir d’une sélection d’œuvres issues des résidences d’artistes déployées en Europe grâce au programme tentaculaire « EMAP » (European Media Art Platfrom).
Elle s’enrichit ensuite dans un ensemble de relations faites avec d’autres artistes, d’autres auteurs, et d’autres créations collectives. Les œuvres ici entrent en dialogue étroit avec l’architecture particulière de ce bâtiment au vocabulaire moderniste qui fut ancien atelier de visserie et aujourd’hui resté un des rares exemples d’architecture fonctionnaliste en région Centre-Val de Loire.
Des situations d’entrelacements.
L’exposition, sous le commissariat de Julie Crenn, participera de cet entrelacement des champs par la présentation d’une sélection d’œuvres d’artistes issus des résidences EMAP 2022, mais aussi des résidences précédentes et d’artistes invités. Les œuvres présentées au Transpalette génèrent des situations d’ « enlianages », de rencontres, d’interdépendances, d’alliances symbiotiques, de parentés réelles et spéculatives : d’une bactérie à la croûte terrestre, en passant par les odeurs, les océans, les gaz, les cellules, les fréquences, les hormones ou encore les sources lumineuses…C’est l’ensemble du vivant qui est pensé et vécu comme une communauté poreuse, empathique, protectrice, désirante, affective.
A partir de là, les artistes livrent une exploration pour proposer des projections, des fictions nourries d’une spéculation narrative (on pense au travail de Ursula Le Guin notamment à ce sujet) en mesure de fabriquer des possibles. On découvre ici un monde des vivants débordant et chahutant nos imaginaires via des projections dans des réalités nouvelles et des univers multiples foisonnants. A voir sans tarder !
Journaliste spécialisé en art contemporain et design, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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