
A proximité du Musée Rodin, cette adresse bistronomique de haute volée fait sensation auprès des amateurs de cartes pointues mais ouvertes au partage. Le chef, ici, livre une partition joyeuse sans restriction. Coté vin, les belles appellations se taquinent. Une adresse discrète qui fait grand bruit. EDGAR a donc voulu en avoir le coeur net !
Parce qu’on apprécie la grande bistronomie sans sornettes, on prend la direction de la Tour Maubourg et plus précisément de la rue Saint-Dominique où cette adresse a retenu toute notre attention. On a entendu dire que la créativité de la carte et que les saveurs audacieuses valaient vraiment le détour. Dont acte. On sait que le chef (passé par Les Fables de la Fontaine, Le Georges V, Le Fitzgerald et aux commandes du Bistrot des Fables) se passionne pour le zaatar, la mélasse de grenade et la cuisine libanaise… De plus, la clientèle est fan de sa pita d’agneau grillée, de son ceviche et de sa daurade relevée de Jalapenos et de citron vert. Avec ces quelques éléments en tête, on prend place sur la généreuse banquette d’angle à l’entrée, face au comptoir, pour en savoir davantage. On constate que les étagères sont bien pourvues en belles bouteilles et pépites diverses. C’est de bon augure. David Bottreau, ex directeur du Violon d’Ingres et propriétaire-gérant (derrière également le Bistrot des Fables de l’autre coté de la rue) nous accueille dans la simplicité et nous propose sa sélection personnelle de plats.
Une élégance que l’on saisit au vol. Sur la partition des entrées, ce ne sera pas le très apprécié pressé de foie au porto ni les succulents accras de courgettes vertes mais l’incroyable carpaccio de langoustine, huile d’aneth et piment d’Espelette (19,50 euros). Cette explosion de fraîcheur en bouche nous laisse sans voix. Il ne manque rien en terme de couleur, de créativité et de saveurs. Bien sur, les asperges blanches croustillantes à l’ail noir et cecina de bœuf pourraient prolonger admirablement cette première entrée mais David opte, sans hésiter, sur la seconde entrée, pour les ravageuses ravioles de crabe, bisque de homard et huile de persil (19 euros). Dans l’échange et la réjouissance partagée, les plats révèlent, l’un après l’autre, leur bonté et leur subtilité gustative. Dans le verre, on est pas en reste avec un agréable 100 % Chenin Blanc du Val de Loire de J. de Villebois 2024. Produit le long du Cher sur des sols de type «Argiles à silex» et en Sologne Viticole sur des terroirs «Argile-Sablonneux», ce millésime se montre particulièrement généreux et livre des raisins magnifiques. Sur notre lancée, on se dit qu’une ballotine de volaille ou un poulpe grillé trouveraient un bel écho sous nos palais déjà impatients de prolonger les festivités. Seulement David à imaginer un autre scénario, tout aussi fantastique, qui ne manque pas d’inspiration ni de brio… En effet, on réalise notre chance d’être si habilement conseillés quand survient le sidérant turbo rôti, purée d’artichauts et sauce hollandaise (36 euros).
Une dégustation des plus plaisantes
C’est aussi réconfortant que lumineux dans l’assiette. C’est toute la table qui est ainsi honorée. Il faut pas perdre de vue l’accord mets/vins car, sans ça, plus rien ne va. Aucune déception heureusement, bien au contraire, quand débarque le merveilleux Pinot Blanc Vieilles Vignes de la Maison Hurst 2023. Au nez, ce dernier dévoile un bouquet délicat de fleurs blanches et de fruits à chair blanche, ajoutant une touche raffinée et séduisante. En bouche, ce Pinot Blanc se présente avec une légèreté et une fraîcheur admirables, alliant harmonieusement des arômes fruités et floraux pour une dégustation des plus plaisantes. On est du coté de Turckheim et ce vin se présente comme un témoignage de l’élégance alsacienne. Issu de vignes âgées de 35 à 50 ans, il est cultivé sur un terroir de granite à deux micas, à proximité du célèbre Grand Cru Brand.
Ce terroir unique confère au Pinot Blanc Vieilles Vignes une expression minérale rare et une élégance incomparable. Ce vin sec et équilibré s’accorde harmonieusement avec notre plat en vue d’une autre surprise pointant le bout de son nez : la célèbre poitrine de cochon fermière cuite 48H, mousseline de céleri et mesclun, vinaigrette truffée (28 euros). On est gâtés franchement. Quant à l’instant sucré du dessert, c’est tout vu ! On sera sur un duo en partage, à savoir d’un coté le magnifique cigare au chocolat, crumble de cacao et sorbet framboise (15euros) et, de l’autre, l’angélique tarte au citron, bergamote et meringues croustillantes (13euros). On couronne le tout avec quelques justes bulles venues de Châlons-en-Champagne avec un beau Brut Nature de chez Joseph Perrier. En quittant les lieux, on se dit que, décidément, cette dégustation, par temps ensoleillé de juin, rue Saint-Dominique, fut brillante dans sa simplicité, ses parfums et son service tout en humanité et délicates attentions. Une adresse, il va sans dire, que l’on souhaite partager auprès des proches et tous bons vivants attentifs aux petits miracles de la vie ! www.comptoirdesfables.fr

Journaliste spécialisé en art contemporain, Clément Sauvoy est également commissaire d’exposition et collectionneur.
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