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Emma de Caunes et « la pudeur des hommes »

Comédienne, présentatrice, metteur en scène, productrice… Insatiable touche-à-tout, Emma de Caunes donne une « suite » à son Neuf Meufs de 2021. Dans Neuf Mecs, elle livre autant de portraits d’hommes intimistes, souvent drôles et touchants. Avec un joli casting : Antoine de Caunes, Philippe Katerine, Thomas VDB, Izia Higelin…

Qu’est-ce qui vous plaît le plus chez les hommes ? Comme matériel de fiction, de narration…

Comme j’avais, dans Neuf Meufs, déjà exploré le désir féminin et plutôt bien soigné les personnages masculins – il n’était pas question d’en faire un pamphlet anti-hommes -, ça m’a donné à m’intéresser à eux d’un peu plus près. J’avais envie de douceur, de tendresse, de bienveillance… des valeurs qui ont l’air un peu « cul-cul » dites comme ça, mais qui pour moi sont d’une grande importance aujourd’hui. Et puis, il y a eu ce grand mouvement #Metoo qui était essentiel. Je suis bien placée pour le savoir (Emma de Caunes a été parmi les premières comédiennes à témoigner contre Harvey Weinstein, ndlr). Mais il fallait aussi faire la part des choses : tous les hommes ne sont ni toxiques ni néfastes. Et Dieu sait s’il y en a ! Je voulais leur rendre justice.

Aviez-vous eu l’idée du projet au moment de Neuf Meufs ?

Oui, sur le tournage. On rigolait : « La prochaine fois on fera Neuf chiens, Neuf vieux… ». On se disait que ce serait drôle de décliner. Neuf Mecs, c’était plus sensé. Et comme j’avais bien approfondi les personnages masculins dans Neuf Meufs, j’ai également bien traité les personnages féminins de Neuf Mecs. L’idée, c’était que tout ce petit monde se retrouve à travers une série de portraits humanistes, avec le désir de faire quelque chose de joli, de cohérent.

Comment le casting s’est-il fait ?

J’ai eu beaucoup de chance : Canal Plus ne m’a pas imposé quoi que ce soit. Il y a des têtes d’affiche, des gens avec qui j’avais déjà travaillé comme Yannick Renier ou Thomas VDB. J’avais très envie de mettre en scène Baptiste Lecaplain et d’aller le chercher dans un registre qui n’est pas forcément le sien. La même chose pour mon père : je me disais que ça faisait longtemps que je voulais le faire tourner. Après, j’avais complètement carte blanche pour aller découvrir de jeunes talents comme Orlando Vauthier, Calicte Broisin-Doutaz, Lucas Devin… J’ai eu la chance de faire ma cuisine sans qu’on m’ennuie.

La Réalisatrice Emma de Caunes et Philippe Katerine (Michel)

Le segment dont vous êtes le plus fier ?

Je les aime vraiment tous ! Pour moi, le défi, c’était de réussir de tenir en équilibre entre le rire et les larmes, la gravité et la légèreté. Finalement, je trouve que nous y sommes parvenus avec chaque histoire. Pour moi, la vraie combinaison, c’est la version d’1h30 de Neuf Mecs. Je l’ai toujours plus « pensé » en tant film entier plus qu’en épisodes. Avec des interactions entre les personnages. Et cette idée d’une journée qui débute le matin et se termine le soir. Pour moi, c’est un ensemble. Ce serait dur de choisir un seul épisode.

Quand on a son père devant sa caméra, a-t-on envie de le malmener un peu ?

Pas le malmener. Ce n’est pas ma nature. Et j’aime les acteurs. Et mon père évidemment. Avec lui, j’ai essayé d’aller chercher quelque chose qui est peu connue du grand public. On a tous l’image de mon père qui sait très bien faire le mariole. J’avais envie de le montrer plus grave, plus intérieur, plus dans la pudeur. De rentrer dans quelque chose d’intime.

Pour en « finir » avec les hommes, que préférez-vous en eux ?

C’est difficile. Je n’apprécie pas tous les hommes non plus ! Mais j’aime bien, chez les hommes, leur pudeur. Je trouve ça élégant. Et, paradoxalement, parfois, on a envie de les secouer, de leur dire : « Dis ce que tu penses ! » Mais c’est joli, la pudeur.

Vous apparaissez dans Le Monde d’hier, un thriller politique qui sort le 30 mars. Heureuse de votre retour au cinéma ?

Je fais juste une apparition dans le film. Une très petite mais très jolie scène. J’étais heureuse de pouvoir tourner avec Denis Podalydès. C’est un immense acteur et je le trouve incroyable dans le film. Et puis, Diastème, il me demande ce qu’il veut, je dis oui. Nous sommes amis depuis trente ans. On a fait des films, des pièces ensemble, on écrit… Nous serons toujours là l’un pour l’autre. Le Monde d’hier, j’aurais pu y aller les yeux fermés. Aujourd’hui, la mise en scène, c’est concrètement ce que j’ai envie de faire. Mais lorsque votre meilleur ami vous demande de faire une scène avec Denis Podalydès, ça ne se refuse pas. Évidemment.

Un film éminemment politique. Sinon, en avril, irez-vous voter ?

Absolument. Il le faut ! C’est même interdit de ne pas aller voter !

Photos © Alessandro Clemenza / Canal +

Neuf Mecs d’Emma de Caunes avec Antoine de Caunes, Philippe Katerine, Izia Higelin… Première diffusion sur Canal + le 21 mars.

Le Monde d’hier de Diastèmes avec Léa Drucker, Denis Podalydès, Alban Lenoir… Sortie le 30 mars.