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Le Christine : table emblématique des Becs Parisiens

Leurs cinq établissements répondent aux mêmes exigences : emplacements de choix, chefs aux personnalités éclectiques, plats à l’identité marquée. Résultat, le groupe Les Becs Parisiens inspire confiance. Le Christine, l’une des adresses emblématiques de cet empire, ne déroge pas à la règle.

Une impasse confidentielle côtoie la fureur nocturne du quartier de l’Odéon et les rives dorées de la Seine. Dans sa pénombre, elle arbore le charme éternel des vieux cinémas de quartier, des halls d’hôtels à demi éclairés et des bistrots d’antan comme Le Christine, dont la devanture orange, orné d’une fourchette géante, interpelle. Cette marque de fantaisie est le propre du groupe Les Becs Parisiens, qui savent mieux que personne décomplexer la gastronomie française et encourager un lieu à réexprimer son caractère d’origine, en s’emparant des tendances actuelles.

Le temps ne déteint pas sur Le Christine, qui ne cesse d’attirer les habitués dans ses différents espaces : l’un, côté rue, l’autre, plus confidentiel, dissimulé derrière les cuisines du chef Mehdi Bencheikh, donnant sur une charmante cour intérieure pavée, où s’établit un arbre au pelage majestueux. Sa robe verdoyante pénètre dans la salle, évoquant celle, tirant sur l’émeraude, des nobles banquettes en velours et des tables ornées de mandalas.

Entre le midi et le soir, le restaurant se transforme. En journée, la lumière du jour perfore les fenêtres demi-lune et la formule entrée/plat/dessert à moindre prix (40 euros pour de la cuisine de précision), s’affaire à respecter les plannings surchargés des parisiens, en équilibrant saveurs et quantités, à travers des sauces remarquables et une pointe d’imagination. Un simple duo chou-fleur/brocoli renait sous l’influence d’une sauce carotte agrumes, une dorade grise se marie avec la douceur du cerfeuil tubéreux et transforme le chou de Bruxelles en un allié de taille. Une version allégée et rafraichissante de la tarte citron meringuée à base de kalamansi et mélisse, permet de contrer la sieste digestive.

Le temps retrouvé

Tous les jours, y compris le dimanche, le chef propose un Menu Dégustation en cinq temps à 69 euros (+ accord mets/vins à 39 euros), avec au choix : poisson, viande, végétal… de quoi ravir les palais indécis. Au diner, le temps s’allonge et les plaisirs sont décuplés, moment idéal pour s’offrir cette longue pause gourmande.

En entrée, l’audacieuse courgette verte, sa coriandre et ses condiments anisés ou encore le pétillant tartare de mulet et ses notes pamplemousse et basilic démarrent cette parade de saveurs aventureuses. Du côté des plats, un Saint-Pierre célèbre l’exotisme, avec sa parure cacahuète, noix de coco, tonka, sabayon curry. Un filet de volaille s’arme d’une surprenante touche herbacée menée par l’huile de livèche. Enfin, une mangue fraiche et sa touche safranée se partage la carte des desserts avec les truffes au chocolat Inaya à l’assortiment délicat, et avec l’étonnant soufflé poire williams, glace gianduja…

Mais cette cérémonie ne serait pas complète sans la gaieté d’un serveur éperdu de contact humain, ce lien rassurant instauré naturellement par toute l’équipe, cette honnêteté ambiante : « Je n’y connais rien en vin, je vous appelle le sommelier ». Ce dernier, passionné, œuvre du mieux que possible à comprendre les goûts de chacun et la proximité avec le chef, le patron, l’éclat de leur sourire et leur amour du métier, tous ces détails n’ont pas de prix. Au contraire, cela paie : les clients du midi reviennent le soir.

 

Le Christine  

1 rue Christine, 75006 Paris