Edgar a vu le dernier film de super-héros en date. The Flash ou les vicissitudes d’un jeune homme capable de passer le mur du son. Les geeks hurlent au scandale. Pourtant, vu au premier degré et sans bréviaire du comic book sous le bras, le blockbuster sous pavillon Warner se laisse regarder. Sans souffrir.
En voulant sauver sa mère d’un assassinat, Barry Allen (Ezra Miller) alias The Flash parvient à retourner dans le passé. Mais le complice de Batman (Ben Affleck) et de Wonder Woman (Gal Gadot) commet une bourde immense en changeant l’avenir. Il se retrouve dans un monde où Batman (Michael Keaton) vit en ermite dans sa déco années 90 et où le Général Zod (Michael Shannon), ennemi légendaire d’un Superman qui, lui, n’a jamais vu le jour, s’apprête à tout détruire. Et cerise sur le gâteau, The Flash doit faire équipe avec son double post-ado pour qui avoir des super-pouvoirs est surtout une partie de rigolade…
Michael Keaton, le Batman de Tim Burton, reprend du service comme chauffeur.
Assez DC ?
A l’instar des célébrissimes Superman et Batman, The Flash fait donc partie de l’écurie DC Comics, aujourd’hui dans le giron de la vénérable Warner. Vêtu de rouge, avec comme symbole un éclair, il se déplace à une vitesse incroyable, ce qui l’oblige entre autre à se nourrir en permanence. Voilà pour les néophytes. Les autres sont en train de se livrer bataille à savoir sur le film d’Andy Muschietti (le diptyque Ça, inspiré de Stephen King) respecte l’esprit de la bande-dessinée ou celui des adaptations au grand écran et de l’univers qui en découle alias DCU (DC Universe). Heureusement, l’auteur de ces lignes n’est pas un exégète du genre et se limitera au plaisir à tirer d’un tel film à gros budget (200 millions de dollars).
Barry Allen (Ezra Miller) voit rouge mais il le porte très saillant aussi.
Miller dans le mille
Ezra Miller, que les amateurs du cinéma d’art et essai ont pu apprécier dans des films comme We Need to Talk about Kevin (2011), roule – il court surtout – pour la DC depuis 2017 et le premier Justice League signé Zack Znyder. Personnage haut en couleur et quelque peu frappadingue (plusieurs arrestations pour voie de faits, agressions, harcèlement et même un cambriolage), Miller est accessoirement un comédien attachant. En tout cas plus à l’écran qu’à la ville. Son interprétation de Bryan Allen, faire-valoir frustré de la Ligue des Justiciers, fils éploré par la mort de sa mère et l’arrestation de son père et héros gaffeur, oscille en humour et tragédie, épique et fragilité. Solidement entouré (Ben Affleck, Michael Keaton, Michael Shannon…), il s’en sort dignement avec un si lourd budget pesant quasiment sur ses épaules.
Deux Flash (Ezra Miller) et une Supergirl (Sasha Calle) : trois super-héros pour le prix d’un !
Héros à gogo
L’action se déroule donc dans un multivers, un univers parallèle, que The Flash a créé en tentant de sauver sa mère d’un mystérieux tueur. Batman y a pris sa retraite et c’est la cousine d’un Superman jamais parvenu jusqu’à la terre, Kara Zor-El (Sasha Calle), qui se charge de pacifier les cieux. Malheureusement, le général Zod a décidé de détruire bel et bien la terre. A Barry Allen, son double, un Batman croulant et une Supergirl débridée de l’affronter. Cela donne un récit certes souvent brouillant, au picaresque de série B et aux effets spéciaux étonnamment bâclés (une volonté kitsch assure le réalisateur), mais sauvé par son rythme, ses gags récurrents et un final qui mélange références (d’Adam West à Christopher Reeves en passant par Nicolas Cage) et beaucoup d’émotion. Un chef d’œuvre ? Assurément non. Du cinéma pop-corn gonflé jusqu’à l’outrance ? Certainement. Mais au prix de la place aujourd’hui – oui, toujours la même litanie, mais d’une réalité implacable -, les amateurs du genre ont auront pour leurs euros. Alors, cours, Barry, cours ! Finalement, The Flash, à réécrire l’histoire à sa gaffeuse façon, ne serait-il pas le Forrest Gump des super-héros ?
The Flash d’Andy Muschietti avec Ezra Miller, Michael Keaton, Sasha Calle… 2h24. Sortie le 14 juin.
The Flash – Bande-annonce finale (VF) – Ezra Miller, Michael Keaton – YouTube
Signature « historique » d’Edgar pour le cinéma, lecteur insatiable, collectionneur invétéré d’affiches de séries B et romancier sur le tard (Le Fantôme électrique, éd. Les Presses Littéraires).
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